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Médecin de campagne et jeune maman, c'est possible !

Médecin de campagne et jeune maman épanouie, elle témoigne

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Le Docteur Anne-Laure Hébert-Poncet a repris le cabinet du Docteur Rémy Redin à son départ à la retraite. C’était il y a un peu plus de 18 mois, au cœur du Jura, dans la commune de Saint-Julien sur Suran. Rencontre sans tabou avec une jeune médecin de campagne bien de son temps.

Docteur Anne-Laure Hebert-Poncet, médecin de campagne et maman épanouie

Anne-Laure Hébert-Poncet

Médecin généraliste

Docteur, quel a été votre parcours jusqu’à votre installation en tant que médecin de campagne ?

Je suis entrée en Médecine pour devenir médecin généraliste en campagne. Mon rêve était de faire les visites à domicile en Kangoo 4×4, ça ne s’invente pas (j’étais en 4L à ce moment-là, une vraie évolution 😊).

Je ne me voyais pas exercer en ville. Faire mes études à Lyon, ce fut déjà une petite épreuve pour la fille de la campagne que je suis… 

Lors de mon internat, je suis arrivée en Addictologie où la prise en charge du patient est vraiment globale. On prend le temps de comprendre aussi les facteurs environnementaux du patient (influences de la famille et des proches, travail, etc.) dans la problématique qu’il traverse. Ce stage m’a beaucoup plu.

Je suis tombée sous le charme de l’équipe soignante, de la richesse de cette spécialité, des rencontres tellement humaines que j’ y avais faite. A la fin de mon stage, on m’a proposé de revenir. Moi qui me destinais à devenir médecin de campagne, j’ai donc commencé ma carrière à l’hôpital, un comble ! J’y suis restée 4 ans.

Et puis, l’hôpital étant ce qu’il est aujourd’hui en France, moi qui avais de l’énergie à revendre, des rêves plein la tête et l’optimisme chevillé au corps, je me suis épuisée à tenter de faire bouger ce gros paquebot. Nous perdons trop de temps dans l’administratif au détriment de notre métier, qui reste véritablement le soin, le lien à l’autre, l’humain en face de nous qui nous en apprend autant sur notre métier que ce qu’on peut le guider dans ces périodes mouvementées. 

Je voyais beaucoup de médecins en poste qui allaient vraiment mal. Les risques psycho-sociaux en milieu hospitalier sont une réalité. Entre l’ambiance, les contraintes, l’éloignement du cœur de métier avec des notions de rentabilité qui s’invitent, sans possibilité de choisir avec qui on travaille, des changements soudain et jamais accompagnés, une vie personnelle sacrifiée, je me suis moi-même retrouvée en souffrance. 

Cette prise de conscience a eu lieu fin 2017, début 2018.

Mon quotidien était de moins en moins satisfaisant. Je voyais à peine mes enfants. L’Hôpital tuait ma flamme malgré tout l’intérêt et la super équipe avec qui je travaillais, en addictologie donc. 

Parfois, il faut savoir remettre un peu d’éthique envers soi-même. Je ne pouvais plus dire à chacune de mes consultations « Prenez soin de vous. », puis fermer la porte et me regarder en me disant : « Et toi Anne-Laure, tu fais quoi pour prendre soin de toi ? c’est bien beau de le demander aux autres mais commence par toi-même !« 

Et puis j’ai réalisé que, si un endroit pouvait à ce point me prendre de l’énergie , il y avait forcément un endroit où je me sentirais bien. 

Si on prend soin des soignants et qu’on les met en performance, leurs soins seront plus efficients.

Anne-Laure Hébert-Poncet, Médecin de campagne

L’analogie avec une entreprise classique est évidente.

On parle de plus en plus de bien-être au travail. Pour moi , le bien-être serait d’exercer pas trop loin de chez moi, dans le Jura. Je suis femme au foyer au sens gardienne du feu, gardienne de la flamme affective de ma maison. C’est pour cela que je me dois de prendre aussi soin de moi. Quand je ne vais pas bien, c’est aussi ma famille qui chancèle. Je veux être épanouie en tant que médecin ET mère. Je ne veux pas choisir entre la vie que je veux avoir avec mes enfants, mon mari et mon métier que j’exerce avec passion.

Vous exercez une médecine différente de celle que l’on vous a apprise.

👉 Exercer la médecine là où je vis

On nous le dit suffisamment pendant les études : ne soignez jamais les gens que vous connaissez ou que vous risquez de croiser régulièrement ! 

Moi, je dis qu’un bon médecin est simplement un maillon dans un village au même titre qu’un bon boulanger ou un bon plombier. Chacun prend soin de quelque chose d’important pour l’harmonie de la vie de la communauté.

J’exerce aujourd’hui à 9 kilomètres de mon petit village de 25 âmes. Je connais tout le monde, et inversement vrai. Ça me va. Je suis heureuse de faire partie de mon écosystème. Et je pense qu’il me rend meilleure. 

👉 Rendre le pouvoir au patient

Lorsque j’ai décidé de quitter l’hôpital, il fallait aussi que je puisse me projeter dans un nouveau lieu. J’ai  réalisé que, dans l’absolu, pour faire du soin, je n’avais en fait besoin de rien d’autre que d’une personne en demande, et moi ! Et que, tout au fond de mon cœur, le lieu dans lequel je me sentais vraiment bien, apaisée et tranquille était… une yourte ! (J’ai d’importantes attaches avec la Mongolie. J’y ai vécu 3 mois, j’y suis retournée avec  mon mari et mes enfants.)

Alors, quand j’ai lancé, presque sans y croire, l’idée d’une yourte cabinet médical à mon mari, plutôt cartésien et bien ancré,  je pensais qu’il allait me remettre les pieds sur terre, sans sommation. Mais, au contraire, il a trouvé l’idée géniale. On a donc acheté un terrain et nous allons y monter une yourte cabinet, remplissant toutes les conditions d’ERP (Établissement Recevant du Public) afin que je puisse y exercer MA médecine. Afin de préserver notre liberté de création , mon mari et moi avons souhaité monter le projet uniquement tous les 2. C’est donc une vraie aventure de famille et je suis tellement heureuse que mon amoureux soit aussi engagé à mes côtés !

L’idée n’est pas de faire de l’excentricité. Je pense juste que les salles d’attente de certains cabinets traditionnels rendent les malades encore plus malades. (Vous ne les trouvez pas glauques vous, ces salles d’attente ?) Je pense surtout qu’on peut exercer la médecine autrement et penser le soin en communauté. Il n’y a plus de médecins ? Et si on redonnait de l’autonomie aux patients ? Voilà, plus de souci de désert médical ! (Ou presque…) 

Je déménagerai mon activité dans ma yourte lorsqu’elle sera prête, avec l’espoir qu’un ou deux médecins généralistes viennent s’installer à Saint-Julien sur Suran pour participer au parcours de soins coordonnés de la population. Car il n’est pas question d’abandonner la fabuleuse équipe de soin pluri professionnels que nous avons créé, mais au contraire de l’enrichir de regards nouveaux.

Nous avons lancé une locomotive. Sautez dans le train, et faisons un bout de trajet ensemble !

Vous avez repris un cabinet de médecine en ruralité. Quel a été le déclic ?

Un jour où je faisais mes courses dans un magasin de producteurs à Saint-Amour, je croise une ancienne collègue de l’hôpital, épouse du Docteur Redin. « Anne-Laure ! Comment vas-tu ? Sais-tu que mon mari va partir en retraite ? Que dirais-tu de reprendre son cabinet ? » J’avais encore beaucoup de freins. M’installer seule, en médecine rurale… Les études de médecine ne nous rassurent pas du tout sur cette option de carrière. 

Mais on ne peut pas laisser non plus une population comme ça. Mon projet de yourte ne sortirait pas de terre avant encore plusieurs mois. Bref, j’ai sauté le pas et repris le cabinet du Docteur Redin.

Je me disais aussi que maintenir la vie médicale dans ce petit bout de montagne, c’était souffler sur des braises pour garder au chaud et faire grandir l’espoir qu’un confrère ou qu’une consœur vienne s’installer à Saint-Julien. Quelqu’un m’avait très justement dit : « Il est plus facile de trouver un 2ème médecin qu’un premier. », ce que je trouve très vrai, même plusieurs mois après.

Vous avez mis en place une nouvelle façon d’exercer la médecine dans ce village.

L’ancien médecin du village ne travaillait pas beaucoup en coordination avec les autres professionnels de santé.

Pour autant, kinésithérapeute, infirmières et pharmacienne ont tout de suite accepté cette idée de travailler plus étroitement ensemble . Et puis cette envie de se coordonner a été comme un joli cercle vertueux qui nous a offert la possibilité d’élargir nos réunions à l’ensemble des partenaires du territoire. Grâce à ce bel écosystème en place qui s’est mobilisé, je ne me sens plus du tout seule, et au contraire très bien accompagnée. Les professionnels de santé ont des compétences complémentaires. Il n’y a pas de hiérarchie entre nous. 

Un des grands tournants a aussi été l’embauche d’Amélie en tant qu’assistante médicale (de choc !). Elle était infirmière en cardiologie dans l’hôpital où j’exerçais avant. On se croisait de temps en temps. Elle était en souffrance à l’hôpital. Je lui avais dit qu’un jour j’aurais un job pour elle. Nous nous sommes recroisées sur le parking de l’école. On s’est tapé dans la main. 

3 jours plus tard, elle a demandé sa disponibilité pour me rejoindre. La vie est d’une grande simplicité quand on la prend simplement !

Amélie m’a donc rejointe en mai 2021 pour mon plus grand bonheur. Avant, j’étais soutenue mais sous l’eau aussi. Depuis, ça va mieux ! Nous avons mis en place un véritable travail d’équipe. Nous sommes complémentaires. Nous assurons parfois des consultations à 4 mains pour les nouveau-nés ou nos aînés. Elle sait rassurer les patients, gérer le planning quand je suis en retard, etc. Elle m’offre une qualité de travail, et donc de vie, fantastique. 

En dehors de cela, on se comprend aussi humainement parlant. Nous sommes 2 femmes, avec des enfants dans les mêmes âges. On vient travailler à vélo. On a carte blanche pour faire tourner notre petite boutique, j’adore. 

Une équipe médicale soudée
De gauche à droite et de haut en bas :
👉 Sandra Fieux, infirmière libérale
👉 Virginie Clerc, préparatrice en pharmacie
👉 Amelie Moissonnier : assistante médicale
👉 Vinciane Blommaers-Heude : pharmacienne et micro nutritionniste
👉 Amandine Janod: kinésithérapeute avec spécialité en thérapie manuelle Jones
👉 Aurelie Chevassus : infirmière libérale
👉 Anne-Laure Hébert-Poncet, médecin de campagne
👉 Haydee Pollet : infirmière libérale
👉 Christine Guihot : infirmière libérale

Auriez-vous pu rejoindre une maison de santé ?

En sortant de l’hôpital, j’étais tellement ulcérée par les protocoles et les contraintes administratives que je ne pouvais même pas imaginer de rejoindre une maison de santé. Je faisais une réaction épidermique à toute forme de contrainte dans mon travail.

Je pensais aller en MSP (Maison de Santé Pluridisciplinaire) en fin d’études il y a 10-12 ans pourtant. C’était la grande mode. Toutes les communes voulaient leur MSP, ça poussait comme des champignons.

Mais une MSP ne tient pas par les plotets des murs mais bien par les liens humains qui la font naître et vivre.

Faire une maison, y mettre des gens, je n’y crois pas. On a besoin de choisir avec qui on travaille, de trouver des fondations  et des visions communes à partager. Et ce, même si la façon de voir la médecine peut être différente et variée.

On dit que la Médecine est un art. Chacun a sa palette, sa façon d’exercer. Ne supportant plus la moindre ébauche de Carcan, je me suis lancée seule. 

Êtes-vous une exception parmi les médecins ? Les villages veulent savoir !

Je pense franchement que beaucoup de médecins vont prioriser leur qualité de vie dans les mois et années à venir, et partir de l’Hôpital. 

Beaucoup hésitaient. Ils vont sauter le pas. 

Je ne suis pas une exception. Et je suis optimiste pour l’avenir médical des communes de France

Il ne faut juste pas chercher à tout prix à garder l’ancien modèle. 

Avant, le médecin du village était un homme qui faisait des horaires de dingue. 

Désormais, 75% des étudiants en médecine sont des étudiantes. Une fois diplômées, elles ont généralement un amoureux médecin, professionnel de santé ou cadre. 

A un village qui cherche un médecin, je lui dirais de bien considérer cela. Il s’agit toujours d’un projet de couple, de famille. Si mon mari, cadre industriel, ne travaillait pas à la campagne, rien n’aurait été possible. 

Et quand je rentre le soir, ma 2ème journée, celle de maman, commence. 

Les crises sont une chance de se remettre en question, de se transformer (sans pour autant renier le passé). Le moment est venu. Allons-y !

Médecin de campagne, une belle vie !
Anne-Laure et sa famille au complet

Comment une commune en recherche de médecin peut-elle se différencier aujourd’hui ?

Il faut partir de la base, de la terre. L’action doit être montante, certainement pas descendante. 

Proposer un poste salarié peut être une bonne idée pour accueillir une jeune médecin par exemple. 

Nous ne sommes pas formés pour devenir des chefs d’entreprise. De fait, si le salariat n’est pas possible, accompagnez-nous dans les formalités. Ce sera une aide fantastique.

Par ailleurs, créez le lieu de soin avec le médecin. Donnez-lui carte blanche. Écoutez, accueillez ses idées et envies. Permettez-lui d’exister. 

J’ai vu des MSP sans salle de réunion. Qui a osé valider de tels projets ? Vous accepteriez de vivre dans une maison sans salon, sans espace de convivialité où échanger avec vos proches ? Moi pas. 

N’emprisonnez pas pour autant. Les tapis rouges que beaucoup déploient pour nous attirer sont très anxiogènes. J’ai personnellement refusé les 50 000€ d’aide à l’installation auxquels j’aurais pu prétendre. Il y avait trop de contreparties. J’avais peur de ne pas être à la hauteur. De ne pas avoir le droit de prendre mon mercredi. Et si on remettait un peu de simplicité ? On trouve l’opportunité commune, on fait les choses ensemble, celles qui ont du sens. Et, comme tout le monde est heureux, l’installation est pérenne et tout le monde est gagnant.

Arrêtez d’avoir peur pour Demain et prenez soin d’Aujourd’hui. 

Anne-Laure Hébert-Poncet, Médecin de campagne

Et puis, soyons clairs : la chasse aux médecins et la surmédiatisation de ceux qui osent s’installer en ruralité, c’est beaucoup de pression. Si nous avions voulu de cette lumière, nous aurions choisi d’autres spécialités ou d’autres voies. Nous, jeunes médecins, nous voulons juste exercer notre métier. S’il vous plait, respectez cela. C’est aussi pourquoi je partage mon histoire et mon point de vue à Comm’une opportunité. Leur offre de service me semble faire vraiment sens. Je n’hésite pas à recommander le site à mes amies qui se posent la question de partir de l’hôpital. 

Nous sommes au service de la vie, dont la nôtre. Nous ne sommes pas dans la servitude aux autres. Cette différence est à mes yeux très importante car elle préserve les unes de devenir dépendants et les autres d’user d’un pouvoir qu’ils n’ont pas .

Proposez un travail en équipe, ne serait-ce qu’en invitant les autres professionnels de santé à s’impliquer aux côtés du médecin. 

Ajustez-vous aux contraintes du médecin. Acceptez un mi-temps même si le médecin est seul pour le moment sur la commune. Il relancera le feu. 

Prenez en charge un temps de secrétariat ! ça, ça peut aussi être très précieux. 

Proposez de travailler sur l’autonomie de la population face à ses besoins médicaux pour désengorger le cabinet. Comme on dit, il vaut mieux apprendre à quelqu’un à pêcher que lui donner tous les jours du poisson 😊 

Enfin, comme je le disais précédemment, arrêtez la surenchère. Nous sommes des humains comme les autres. Arrêtez d’essayer de nous appâter à tout prix. Parlez-nous de notre cœur de métier et pas seulement du financier. Ce sera sans doute plus pérenne et satisfaisant pour tout le monde. 

Un médecin est-il plus heureux à la Campagne ?

Moi, oui. 

L’homme est l’espèce la plus adaptable qui existe. On vit aux 4 coins du globe. On a le régime alimentaire le plus diversifié qui soit. Et c’est là aussi toute notre fragilité. Enfermé entre 4 murs, ou constamment devant un écran, on peut vite oublier que notre corps est fait pour bouger et synthétiser de la vitamine D en marchant dehors. 

Mon mari et moi ne pouvions résolument pas vivre et élever nos enfants dans un « zoo ». Ni les lionceaux ni les petits humains ne sont faits pour vivre entre les 4 murs d’un appartement. 

Transformez-moi en cheval et demandez-moi de choisir entre le box ou la pâture. Je n’hésite pas un instant et pars brouter dehors. 

En plus, la campagne, vous pouvez l’avoir sur-mesure. Tous les compromis sont possibles aujourd’hui. Est-ce que le cinéma me manque ? Avec 3 enfants et un home-cinéma, pas du tout. Et le théâtre ? J’ai la nature pour scène ! Pas un spectacle de forêt ne ressemble à l’autre. Et que dire de la rivière !

Bonus : le seul bouchon que je connais est celui de la bouteille de vin ^^

Je me gare en 2-2, pas de stress aux feux rouges (y’en a pas), etc. 

Est-ce qu’on est vraiment plus solidaire à la campagne ?

Absolument. Je prends un exemple. Une dame âgée du village vient me voir toute essoufflée. Je diagnostique immédiatement une embolie pulmonaire. Il faut une action rapide. Elle n’a pas de voiture et de toute façon n’est pas en état de conduire. Sa voisine est dans la salle d’attente. « Je ne peux pas aller à l’hôpital sans passer à la maison ! » Qu’à cela ne tienne, sa voisine la met dans sa voiture, l’emmène chercher 2-3 choses chez elle et caresser le chat, puis file aux urgences. Le tout réglé en 15 minutes, là où le SAMU serait intervenu en 3h30. Je ne sais pas si cette dame serait encore là pour en rire avec nous. 

Je ne vous parle même pas des « Allo Docteur ? Il n’a pas ouvert ses volets ce matin. ». 

Ici, tout est plus facile, plus vrai, plus humain tout simplement. 

Nous partageons le sens du partage. Ainsi, on peut demander de l’aide sans se sentir redevable car on sait que la roue tourne en permanence. Je vois ça comme une toile d’araignée géante et hyper costaud où chaque intersection consolide encore l’ensemble.  

Comment exercez-vous aujourd’hui votre métier de médecin de campagne ?

Je prends des consultations de 30 minutes, ce qui me laisse le temps pour chacun selon ses besoins. 

Je ne travaille ni les mercredis, ni les samedis, ni les vendredis après-midi (où je fais la paperasse en fait). Je gagne entre 2 300 et 2 500€ par mois et ai pu embaucher Amélie au salaire de 2 000€ mensuel grâce aux aides de la CPAM. Cela nous convient. Nous avons la vie et l’équilibre que nous avons choisis. 

J’aime mon travail. J’aime ce que je fais et comment je le fais. Cela fait sens pour moi. Que demander de plus ? 

Avez-vous reçu un soutien particulier de la commune pour la reprise du cabinet médical du Docteur Redin ?

Les débuts ne furent pas simples. Le loyer du cabinet médical était élevé, 480€ par mois, ce qui m’empêchait d’embaucher. J’ai voulu en parler aux élus. On m’a dit de faire une lettre. J’ai dit non, invitez-moi pour en parler au conseil municipal. On m’a dit d’accord. J’ai pu me présenter, tant sur le plan professionnel que personnel, expliquer ma situation, mes envies et souhaits pour exercer sereinement. Je me suis sentie écoutée avec attention. Je n’ai pas ressenti de jugement. Ce fut très positif. Rien que la considération que l’on m’a donnée à ce moment-là m’aurait suffit du coup. Mais, en plus, au retour des vacances d’été, mon loyer avait été baissé à 50€/mois. Et ce gros coup de pouce a facilité pour moi l’embauche d’Amélie. 

Cette capacité à s’ajuster, cette intelligence humaine, ce dialogue possible, c’est ce qui rend nos vies si belles et riches de sens.