- Qui êtes-vous ?
- Comment est née votre envie entrepreneuriale ?
- Parlez-nous de Second Sew
- Quelles difficultés avez-vous rencontrées dans cette aventure ?
- Avez-vous également eu de belles surprises avec Second Sew ?
- Quel est votre moteur pour vous lever tous les matins ?
- A quoi ressemble votre quotidien professionnel ?
- Auriez-vous un conseil à donner à quelqu’un qui hésite encore à se lancer ?
- Second sew
Comment donner un second souffle à sa vie professionnelle en donnant une seconde vie à des tissus ? Découvrez l’histoire de Camille, la jeune maman de la marque de vêtements pour enfants Second Sew.
Camille Brun-Jeckel
Fondatrice de Second Sew
Qui êtes-vous ?
Je suis Camille, 38 ans, maman de deux magnifiques petites filles et fondatrice de Second Sew.
J’ai commencé à travailler en agence de communication sur des budgets dits « classiques » puis sur des budgets ESS (Action contre la Faim, Emmaüs…).
J’ai ensuite voyagé pendant 1 an : dans beaucoup de pays, c’est un peu une tradition de voyager seul.e après son bac afin de se découvrir et de découvrir le monde dans lequel on vit. Je l’ai fait à 27 ans et j’ai trouvé cette expérience incroyablement enrichissante.
En revenant en France, et par un incroyable concours de circonstances, j’ai réussi à intégrer une ONG, ce que je souhaitais depuis le début de ma « carrière ». Il s’agissait d’une association à taille humaine qui œuvre pour la scolarisation des enfants et le développement de l’agro-écologie. Cela m’a offert des opportunités incroyables, notamment de partir travailler en Haïti pour y diriger l’ONG sur place.
J’ai ensuite travaillé pour une plus grosse ONG, cette fois beaucoup moins à taille humaine, toujours en lien avec la scolarisation des enfants mais également avec la protection des Droits des enfants.
A côté de cela, je faisais de la couture, parce que ma mère m’avait offert sa machine qu’elle n’utilisait pas. Un apprentissage qui s’est fait à base de mode d’emploi et de tutos sur internet !
Après une suite de « déconvenues » professionnelles et avec l’arrivée de ma fille, j’ai souhaité aligner ma vie professionnelle avec ma vie personnelle dans toute sa globalité.
Comment est née votre envie entrepreneuriale ?
L’envie est d’abord née de la frustration que je connaissais dans mon poste : j’avais vraiment la sensation de ne pas utiliser toutes mes compétences, de souvent faire des tâches pour « remplir » un quota d’heures hebdomadaires de travail, et de ne pas être entendue dans mes propositions.
Ensuite, mon conjoint étant lui-même à son compte, je le voyais depuis plusieurs années gérer son activité comme il le souhaitait, cela a commencé à susciter mon envie.
J’ai également dans ma sphère personnelle beaucoup d’ami.e.s à leur compte, dans des domaines très diverses. De là est née la pensée « S’ils le font, je peux le faire. » qui est venue annihiler la crainte de se lancer.
Et le déclencheur a été l’arrivée de ma fille.
En-dehors du fait d’avoir envie de concilier aisément vie professionnelle et vie personnelle, j’ai surtout pris conscience que j’avais envie que ma fille ait une mère épanouie pour qu’elle n’ait pas une image du travail, entre autres choses, négative et synonyme de frustration.
Et, comme je n’étais clairement pas satisfaite dans mon poste de l’époque, j’ai sauté le pas en ayant pour point de départ le pré-requis de ne pas créer de pollution supplémentaire à travers cette nouvelle activité.
Parlez-nous de Second Sew
Second Sew propose des vêtements pour les 0 – 4 ans confectionnés à partir d’anciens linges de maison achetés auprès du Relais et assemblés par des personnes en insertion professionnelle en France.
L’idée est d’inscrire l’ensemble du cycle de vie du produit dans un cercle le plus vertueux possible, et d’accompagner les parents dans leur transition vers une garde-robe plus responsable et raisonnée.
Il s’agit donc de refaire ce que faisaient nos ainés : utiliser l’existant pour créer du neuf, des vêtements qui soient aussi uniques que nos enfants et qui portent une véritable valeur émotionnelle.
C’est aussi la transmission : celle du vêtement et celle d’une façon de consommer plus censée, plus respectueuse de l’avenir de nos enfants.
Quelles difficultés avez-vous rencontrées dans cette aventure ?
J’ai mis beaucoup de temps à prendre du recul sur ce qui pouvaient être considérées comme étant des difficultés.
Étant seule depuis le début, il est impossible d’avoir toutes les compétences requises pour développer une entreprise. J’ai donc clairement manqué d’accompagnement sur le long terme, et notamment sur les aspects financiers.
Mon projet s’inscrivant aussi bien en ESS qu’en textile, ayant été auto-entrepreneure pendant 2 ans et travaillant sur l’upcycling, je n’ai jamais réussi à être accompagnée ou incubée : trop ESS, trop « mode », trop jeune, trop artisanale, pas assez « scalable »… Il y avait toujours une raison même si mon projet suscitait l’intérêt.
A chaque réponse négative, je déprimais (et déprime encore) pendant 1h ou 2, puis fais la liste de toutes les solutions envisageables et je continue. Parce que je n’ai pas le choix : si je ne continue pas avec Second Sew, je ne vois pas dans quelle autre activité je pourrai autant m’épanouir.
Mais ces difficultés m’ont également permises de prendre conscience et d’affirmer enfin mes vraies ambitions pour ma marque. Et le « hasard » faisant bien les choses, c’est aussi maintenant que je rencontre les bonnes personnes.
Avez-vous également eu de belles surprises avec Second Sew ?
Quand je parlais plus haut d’ « incroyable concours de circonstances », c’est ce qui me fait dire que je suis au bon endroit, que je fais les bons choix.
Quand j’ai voulu travailler en ONG, le « hasard » a placé sur mon chemin une ancienne connaissance qui se souvenait de mon stage de quelques mois et de mon travail. C’est elle qui m’a donné l’opportunité de travailler en ONG.
Avec Second Sew, c’est la même chose : des « retrouvailles » de personnes d’une autre vie qui se retrouvent sur le même chemin que moi au même moment, des rencontres inattendues qui ouvrent de nouvelles perspectives.
Je considère cela comme de belles surprises.
D’autres diront que cela reste le fruit d’un travail important.
Je préfère y voir des signes.
Quel est votre moteur pour vous lever tous les matins ?
Mon moteur est d’être convaincue que Second Sew est une vraie solution pour limiter la pollution liée à l’industrie textile.
C’est également de faire quelque chose qui me plaît à 100% même si c’est bien plus lourd à porter que mes anciens postes.
C’est savoir que ce que je fais aujourd’hui peut avoir un vrai impact sur le futur de ma fille.
J’ai décidé de faire un enfant en connaissant le monde dans lequel nous vivons. Je suis donc responsable de son futur et je dois faire partie du changement qui bénéficiera à la prochaine génération.
Depuis que j’ai créé et travaille sur Second Sew, je n’ai jamais ressenti autant de bienveillance autour de moi et cela principalement parce que j’ai fait le choix de travailler avec qui je le souhaite.
Paradoxalement, l’avenir est bien plus incertain qu’en étant en poste salarié. Pourtant, je ne me suis jamais sentie aussi confiante et aussi peu stressée.
A quoi ressemble votre quotidien professionnel ?
Je travaille beaucoup parce que j’aime ça.
Je peux commencer mes journées de travail à 6h comme je peux les commencer à 9h. J’évite de travailler le soir et le week-end, sauf exceptions.
Au début, je n’en étais pas capable mais j’ai ensuite reconsidéré les raisons pour lesquelles j’avais choisi ce statut, et mettre de côté ma vie de famille n’en faisait pas partie.
En ce moment, je travaille (inévitablement) principalement chez moi mais j’ai finalement beaucoup d’interactions avec des personnes très différentes, qu’il s’agisse de partenaires, de fournisseurs, de prospects.
Je me rends régulièrement chez mes partenaires qui sont proches de mes locaux (blanchisserie, atelier de confection…).
Le fond change chaque jour mais la forme reste assez identique : beaucoup de temps sur l’ordinateur.
Auriez-vous un conseil à donner à quelqu’un qui hésite encore à se lancer ?
Mon leitmotiv depuis plusieurs années et applicables à toutes les situations : « Est-ce que je vais le regretter si je ne le fais pas ? ». En fonction de la réponse, on est vite fixé sur le fait de se lancer ou non.
Second sew
Marque de mode éthique de vêtements bébé et enfants. Des vêtements confectionnés à partir d’anciens textiles. Confection française en insertion professionnelle.