Thomas n’avait jamais rencontré de kiné avant de le devenir lui-même. Aujourd’hui, il exerce en Charente-Maritime et profite chaque jour de ce cadre de vie privilégié. Rencontre avec un jeune kiné heureux.
Thomas
Kiné heureux
Thomas, qui êtes-vous ?
J’ai 34 ans, marié et heureux papa d’un petit bout de 2 ans. Je suis né à Brive-la-Gaillarde en Corrèze.
Pour ce qui est des études, j’ai fait un peu ce qu’on m’a dit de faire jusqu’au bac, c’est à dire un bac S mais sans grande conviction. J’ai ensuite fait une licence de STAPS en activité physique adaptée. Puis je suis entré en école de kiné en passant par la PACES (première année commune d’étude de médecine) de la fac de Clermont Ferrand.
Une fois diplômé, j’ai commencé à exercer en tant que remplaçant dans la région du Puy de Dôme. Puis nous sommes partis avec ma femme (également kinésithérapeute) travailler 2 ans sur l’île de la Réunion (ce qui a été une superbe aventure). Nous sommes finalement revenus en métropole pour nous installer plus pérennement.
Pourquoi êtes-vous devenu kiné ?
Je n’avais jamais mis les pieds chez un kiné avant d’en être un moi-même. J’ai toujours aimé le milieu de la santé, du corps humain et le milieu sportif. J’ai trouvé que le métier de masseur-kinésithérapeute rassemblait très bien ces différentes disciplines.
Je ne me suis pas vraiment renseigné sur ce que c’était d’être kiné en amont mais je ne regrette vraiment pas ce choix. C’est un métier passionnant par bien des aspects. Nous avons une relation privilégiée avec nos patients. Nous les voyons régulièrement et parfois sur de longues périodes. On connaît beaucoup de choses sur leurs vies et eux beaucoup sur la nôtre.
Ce qui est touchant c’est que nous savons dès qu’ils entrent dans notre salle s’ils vont bien ou pas, sans avoir à demander. Et, avec le temps, eux aussi savent dans quel état d’esprit nous sommes.
Si on rajoute à ce côté humain le fait que ce métier permet de voyager, puisqu’il manque des kinés partout, de moduler son emploi du temps comme on le souhaite, et même de se spécialiser dans des domaines divers et variés, je ne vois vraiment pas un métier qui aurait pu mieux me satisfaire.
Je parle de l’exercice en libéral. Je n’ai jamais exercé en structure de soin donc je ne sais pas comment cela fonctionne.
Où êtes-vous installé ?
Je suis installé à Nieul-sur-Mer, une petite ville (ou un grand village) au nord de La Rochelle.
Pourquoi ?
Bonne question.
Il y avait plusieurs annonces de cabinets qui recherchaient des collaborateurs. J’ai visité celui-là assez rapidement et il m’a plu. Déjà par les personnes qui y travaillaient. Ensuite car il fait partie d’un centre médical avec médecin, infirmiers et dentistes. C’est toujours un plus.
L’avantage de ne pas être en ville, c’est que le cabinet est grand, avec de beaux espaces pour travailler. C’est agréable pour le patient comme pour le soignant.
Quel rapport avez-vous avec votre commune et ses habitants ?
Je n’ai pas vraiment de rapport avec la commune.
Avec mes patients en revanche, j’ai d’excellents rapports la plupart du temps. Ils sont des mines d’informations lorsque j’ai des questions sur des sujets qu’ils maîtrisent. Et ils sont toujours prêts à rendre service.
Je pense que c’est un des rares métiers où, quand on donne de sa personne, on reçoit encore plus en échange.
Quelles tendances identifiez-vous parmi les professionnels de santé, en particulier ceux encore en début de carrière ?
Je pense que les professionnels de santé font de plus en plus attention à la qualité de leurs soins d’un côté, et à la qualité de leur vie personnelle de l’autre.
Je vais parler des kinés. Je vois de plus en plus de cabinets bien conçus : accessibilité, équipement… Même la décoration est prise en compte pour éviter l’ambiance hôpital !
De plus, les kinés, même ceux en début de carrière, se forment en continu et/ou se spécialisent régulièrement de nos jours.
Et le gros plus de ces dernières années, ce sont les maisons de soins ou cabinets de groupe. Il est de plus en plus rare de trouver un kiné qui exerce seul.
D’un autre côté, on trouve de moins en moins de kinés qui travaillent 80 heures par semaines, le samedi, etc. Certains patients âgés me font parfois la remarque qu’à leur époque on trouvait des médecins même le dimanche soir sans soucis. Je pense que le nombre d’heures moyennes travaillées par semaine est en baisse. Mais, personnellement, je sens bien que, plus la fatigue avance, moins je suis efficace dans mes prises en charge. Donc je pense que c’est plutôt une bonne chose.
Avez-vous une proposition à faire au Gouvernement pour lutter contre la désertification médicale ?
On ne peut pas demander à quelqu’un, souvent jeune professionnel, de venir s’installer dans un endroit où il n’y aura rien pour ses loisirs, peu ou pas d’infrastructure pour ses enfants, peu ou pas de travail pour sa compagne ou son compagnon, et la quasi-certitude qu’il ou elle ne trouvera pas de remplaçant pour ses vacances.
La désertification médicale est une petite partie d’un problème de désertification des campagnes en général. Il faut absolument remettre du service public dans les villages, un point poste, un système de garde pour les enfants, des infrastructures sportives et des transports en commun réguliers. A mon sens, il n’y a que comme ça que le problème peut être régler.
Nos campagnes sont belles et ont plein de choses à nous offrir. Il faut les rendre plus attractives.
Et un message à faire passer à vos collègues kiné exerçant en métropole ?
Ici on a :
- De l’espace,
- Pas d’embouteillage,
- Le temps de faire les choses,
- Des petits producteurs locaux pour faire nos courses
- Et même la fibre !!!!
Tout est dit 😉