Entreprendre à 2, c’était le souhait de Régis et Arnaud. L’un est graphiste en quête de Concret. L’autre travaille dans la restauration et l’événementiel avec une envie d’entreprendre depuis toujours. Ils se sont lancés, ensemble, en 2019 à Besse-et-Saint-Anastaise, en Auvergne. Ils nous racontent leur aventure entrepreneuriale.
Régis & Arnaud
Gérants du restaurant et salon de thé Le Terrier
Qui êtes-vous ?
Régis, co-gérant du restaurant et salon de thé « Le Terrier ».
Avec mon conjoint Arnaud, nous avons travaillé sur Paris : dans le graphisme pour lui et dans la restauration et l’événementiel pour moi.
Nous avions le projet depuis longtemps de repartir de zéro, de voir autre chose ensemble. Un jour, nous avons tout quitté pour partir un an à Vancouver. Cette expérience fut très enrichissante. Nous y avons été sensibilisés aux aspects liés à l’environnement, au consommer autrement, etc.
À notre retour en France, les 6-8 mois suivants ont été compliqués. Quelle(s) direction(s) prendre dans nos vies ? Mon conjoint voulait changer de métier et faire quelque chose de concret avec ses mains. En 2017, il entreprend une reconversion professionnelle en boulangerie et nous nous installons en Auvergne.
Toujours dans l’idée d’entreprendre à 2, en juillet 2019, notre boulangerie – salon de thé accueillait ses premiers clients.
Comment est née votre envie d’entreprendre à 2 ?
Personnellement, j’ai toujours eu envie d’entreprendre. Seule l’idée changeait : un hôtel, un restaurant, etc. J’étais sûr à 100% que j’allais entreprendre un jour.
Petit à petit, l’idée d’entreprendre à 2 s’est formée et imposée. Entreprendre ensemble est devenu un projet commun. L’objectif était d’élaborer un concept dans lequel nos deux métiers seraient complémentaires. Nous souhaitions que l’un comme l’autre trouve sa place.
L’idée s’est précisée au Canada. Lors de notre voyage, nous avons remarqué plusieurs Coffee Shop un peu partout. Le concept nous plaisait beaucoup et nous semblait encore peu présent en France, mis à part les grandes villes. Le projet a été modelé selon nos goûts et envies. Notre boulangerie – salon de thé était née.
Votre restaurant – salon de thé « Le Terrier » est installé à Besse-et-Saint-Anastaise. Pourquoi ce choix ?
Dès notre retour du Canada, nous nous sommes mis en quête d’un endroit « au vert », avec de la vie sauvage. La destination était toute trouvée : l’Auvergne. Et puis, j’ai de la famille installée dans le Cantal. Je connaissais déjà un peu la région. C’est un territoire avec un attrait touristique. Ce détail convenait parfaitement à notre futur projet.
Le choix de Besse-et-Saint-Anastaise s’est fait via une opportunité. Le village est très beau, touristique et vivant. En pleine saison, les touristes sont bien là, suivie d’une période creuse le reste de l’année. L’occasion s’est présentée d’acheter une ancienne boucherie située sur la place centrale. Cet emplacement offre une grande visibilité à la structure.
Avez-vous été soutenu par le territoire dans le cadre de cette démarche entrepreneuriale ?
Non, nous n’avons bénéficié d’aucune aide ou accompagnement. Hormis l’aide de caution de France Active nous permettant de soutenir le dossier auprès d’une banque. Pourtant, j’ai appelé partout : communes, communauté de commune, département, région, etc. Rien.
Certains répondaient qu’ils n’avaient pas d’aides à proprement parler à nous proposer.
En outre, le village de Besse-et-Saint-Anastaise est en zone très touristique. J’imagine que l’installation d’entreprises et d’activités se fait par elle-même.
Quelles ont été les plus grandes difficultés rencontrées ?
Nos proches. Peu d’entre eux ont compris notre projet. Ils voyaient seulement que nous quittions 2 CDI pour 4 mois de travaux et deux prêts (professionnel et personnel).
La 2ème épreuve a été de s’implanter dans un milieu rural sans être natifs de la région. À l’ouverture de notre boulangerie – salon de thé, des locaux sont venus et par la suite devenus des clients réguliers. Pourtant, une autre partie de la population était plus récalcitrante à notre égard. Nous n’étions « pas d’ici » comme ils disent. C’était la douche froide, l’incompréhension. Notre activité n’était pas présente sur la commune. Nous ne venions pas en concurrence mais bien en complément du tissu économique local, en redonnant vie à une cellule commerciale vide.
Aujourd’hui, nous avons fini par accepter cette situation. Mais ce ne fut pas simple…
Et votre plus grande fierté ?
Tout simplement le fait d’avoir du monde chez soi !
Nos clients nous transmettent leurs supers retours et sur bien des aspects : cuisine, décoration, équipe, etc. C’est motivant et encourageant de savoir que notre concept plaît.
L’équipe aussi, motivée et à fond dans le projet. Nous partageons tous les valeurs de l’entreprise. Ce n’est que du bonheur.
À quoi ressemble votre quotidien ?
Chaque jour de la semaine est différent.
Dès le matin, et deux fois par semaine, je vais chercher des produits chez des producteurs locaux. Dans notre structure, le bio et le circuit court sont mis en avant.
Ensuite, je prépare les tables et j’aide en pâtisserie si besoin. Pendant ce temps-là, le boulanger fait ses recettes.
Midi arrive, le service commence et les premiers clients sont servis.
À 14h, le salon de thé prend le relais tout l’après-midi.
Le service du soir se fait seulement le weekend.
Le concept initial a-t-il évolué à l’épreuve du terrain ?
Tout à fait.
Fin mai 2022, la partie boulangerie s’est transformée en restaurant.
- L’établissement fonctionnait très bien avec une forte demande pour la restauration.
- Arnaud a une préférence pour la réalisation des pâtisseries.
- Notre lieu a les capacités pour accueillir un restaurant.
La décision a vite été prise.
L’autre changement qui pourrait se faire serait de privatiser l’une de nos salles. Nous disposons d’un grand et bel espace que nous pourrions exploiter différemment. Nous imaginons bien y faire des concerts, des événements comme des mariages ou des baptêmes par exemple, etc.
Quel conseil donneriez-vous à un futur entrepreneur ?
1er conseil : préparez bien votre projet. C’est très sérieux. Vous devez pouvoir répondre sans hésiter à « pourquoi, pour qui et comment mettre en place le projet ? ». Puis, faites votre business plan consciencieusement pour connaître la faisabilité de votre idée.
2ème conseil : investissez petit. Si votre projet fonctionne, réinvestissez après. Il faut être patient et construire petit à petit sa clientèle. Dans notre cas, le restaurant aurait demandé trop d’investissement d’un coup.
Petite astuce pour les futurs entrepreneurs : lors de votre installation, vous pouvez bénéficier de vos indemnités chômage pendant 2 ans. C’est une manière de vous rémunérer en attendant que votre activité soit pérenne.
Un mot de la fin ?
Lancez-vous ! Il ne faut pas craindre de parler de votre projet autour de vous. Vous aurez toujours un retour de la part de vos proches, amis, etc. Ils vous permettront de faire mûrir votre projet via leurs questions.
Et faîtes vous accompagner. Pour notre projet, nous avons été suivis par un expert-comptable spécialisé dans la création d’entreprise. C’est d’ailleurs lui qui nous a aidés à faire notre business plan. En contrepartie, il nous a demandé de l’engager pour la comptabilité du restaurant – salon de thé, ce qui est un procédé classique.
Le Terrier
Restaurant & Salon de Thé / Café
Cuisine et Pâtisseries faites maison avec des produits locaux et de saison
2 salles de restaurant, une salle privatisable et un bar/lounge cosy
16 rue Notre Dame 63610 Besse-en-Chandesse
Ouvert du mardi au dimanche